1. Perséphone arrhéphore
Sans pouvoir reproduire avec des précisions temporelles le référent du sous-texte de Nonnos, on peut dire que son texte se réfère à la grotte en Sicile et au moment “synchronique” qui associe rapt et tissage et le sous-texte, diachronique, se réfère à Athènes, aux Arrhéphories, comme moment rituel du début de la fabrication du péplos.
2. Isis tisserande sur la tunique historiée de Saqqara: Perséphone arrhéphore en filigrane ?
A. Le rapt de Corè, dans la nécropole alexandrine de Kom el-Chougafa, fin 1er – 2e siècle de notre ère ?
T | gauche | centre | droite |
1 | Thot présente à Osiris (orienté à dr.) nanti des regalia le faucon d’or, qui évoque la transmission légitime de la royauté solaire. Entre les deux dieux trônant se profile le reliquaire osirien d’Abydos | Anubis momifie Osiris, qu’Isis et Nephthys entourent de leurs ailes. Aux extrémités de la scène se dressent le roi (à g.) et Horus (à dr.), nantis des regalia | Osiris (orienté à g.) debout entre une déesse léonine et un dieu adolescent |
2 | Osiris (orienté à g.) est debout entre Isis et Thot, ce dernier lui présentant le faucon d’or) | voir T1 ci-dessus | Osiris (orienté à dr.) debout entre une déesse léonine et Ptah ( ?) portant la couronne Tjenen |
Dans les panneaux latéraux, Osiris est orienté en miroir. Dans la T1, il est tourné vers le centre, dans la T2, il l’est vers l’extérieur. Cette disposition accentue l’effet général de symétrie autour du lit funéraire et d’Anubis. La momification, qui s’opère en présence des deux pleureuses et des héritiers –Horus et le roi-, et dont la mise en scène est scandée par trois couronnes royales –sur les têtes d’Anubis, d’Horus, du roi-, apparaît ainsi comme l’événement fondateur de l’épiphanie royale d’Osiris.
Paroi centrale de la tombe T2 : Guimier-Sorbets et Seif El-Din p. 360 fig. 2 et p. 374 fig. 14-15 (restitution) [27]
B. Isis-Perséphone sur la tunique historiée de Saqqara [31]
Le Caire JE 59117. Cliché Musée du Caire©Ahmed Amin (2009).
Et umeris dependebat pone tergum talorum tenus pretiosa chlamida. Quaqua tamen viseres, colore vario circumnotatis insignibar animalibus ; hinc dracones indici, inde grypes Hyperborei, quas in speciem pinnatae alitis generat mundus alter. Hanc Olympiacam stolam sacrati nuncupant. At manu dextera gerebam flammis adultam facem et caput decore corona cinxerat palmae candidae foliis in modum radiorum prosistentibus. Sic ad instar Solis exornato me et in vicem simulacri constituto, repente velis reductis, in aspectum populus errabat. | “Et de mes épaules pendait dans mos dos, jusqu’aux talons, un manteau précieux. Où que l’on regardât, je me distinguais par les dessins d’animaux aux couleurs variées dont j’étais entouré. Ici des dragons indiens, là des griffons du lointain nord, qu’un autre monde (que le nôtre) dote d’ailes emplumées. Les initiés l’appellent la robe olympienne. Mais dans ma main droite je portais une torche flamboyante et ma tête était ceinte d’une élégante couronne de palmes d’un blanc éclatant, dont les feuilles saillaient comme des rayons. Alors que j’étais ainsi orné comme le Soleil et placé comme une statue, soudain les rideaux furent tirés et le peuple de marcher pour me contempler”.[33] |
σὺ τὸ ἱερὸν ὄρνεον ἔχεις ἐν τῇ στολῇ ἐν τ[οῖς π]ρὸς ἀπηλιώτην μέρεσιν τῆς ἐρυθρᾶς θαλάσσης, ὥσ[περ ἔ]χεις ἐν τοῖς πρὸς βορρᾶ μέρεσι μορφὴν νηπίου παιδὸς ἐπὶ λωτῷ καθημένου, ἀντολεῦ, πολυώνυμε, σενσενγεν· βαρφαραγγης· ἐν δὲ τοῖς πρὸς νότον μέρεσι μορφὴν ἔχεις τοῦ ἁγίου ἱέρακος, δι’ ἧ͂ς πέμπεις τὴν εἰς ἀέρα πύρωσιν, τὴν γινομένην λερθεξ αναξ· ἐν δὲ τοῖς πρὸς λίβα μέρεσι μορφὴν ἔχεις κροκοδείλου, οὐραν ὄφεως, ἔνθεν ἀφιῶν ὑετοὺς καὶ χιόνας· ἐν τοῖς πρὸς ἀπηλιώτην μέρεσιν δράκοντα ἔχεις πτεροφυῆ, βασίλειον ἔχων ἀεροειδῆ, ᾧ κα[τα]κρατεῖς τοὺ<ς> ὑπ’οὐρανοῦ καὶ ἐπὶ γῆς ἐ<ρ>ισμούς· θεὸς γὰρ ἐφάνης τῇ ἀληθείᾳ· (en italique : les formules magiques) |
“Tu as l’oiseau sacré sur ta robe dans les régions orientales de la mer Rouge, tout comme dans les régions boréales tu as la forme d’un enfant en bas âge assis sur un lotus, ô Émergeant Polyonyme, Sensengen Barpharanges ; dans les régions australes tu as la forme du faucon sacré, par laquelle tu projettes la chaleur dans l’air, celle qui devient Seigneur Lerthex ; dans les régions du (sud-)ouest, tu as la forme d’un crocodile, une queue de serpent, envoyant alors pluies et neiges ; dans les régions orientales, tu as (la forme) d’un serpent ailé, portant une couronne qui a l’apparence de l’air, avec laquelle tu maîtrises les querelles sous le ciel et sur la terre, car tu t’es manifesté comme dieu en vérité”. [34] |