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III. La juxtaposition des formules
ε 354 αὐτὰρ ὁ μερμήριξε | ⎫ | |
ζ 1 ὣς ὁ μὲν ἔνθα καθεῦδε | ⎬ | ττολύτλας δῖος Ὀδυσσεύς |
Θ 97 ὣς ἔφατ᾽, οὐδ᾽ ἐσάκουσε | ⎭ |
(Pour d’autres vers de ce genre voir plus loin p. 48 et L’épi- {17|18} –thète traditionnelle, pp. 11–15.) Or, l’habitude de se servir de cet artifice avait une telle prise sur la pensée du poète de l’Odyssée que celui-ci se servait parfois de ces hémistiches prédicats même dans des cas où il ne possédait pas de formules sujets commençant, comme il l’aurait fallu, par une consonne simple. Chaque fois que le nom ou le synonyme d’un nom s’y prêtait, les aèdes créaient une formule sujet de la valeur métrique que nous avons spécifiée; mais ni le nom Τηλέμαχος ni son synonyme Ὀδυσσῆος υἱὸς ne permettent la création d’une telle formule. Tout ce que l’on a pu faire c’est de former l’expression Ὀδυσσῆος φίλος υἱὸς, qui possède la mesure des formules sujets en question mais qui commence par une voyelle. Cette formule peut parfaitement servir à composer des vers comme
β 2 ὄρνυτ᾽ ἄρ᾽ ἐξ εὐνῆφιν | ⎫ | |
⎬ | Ὀδυσσῆος φίλος υἱὸς | |
o 59 τὸν δ᾽ ς ὡç οὖν ἐνὁησεν | ⎭ |
etc. Mais lorsque, se souvenant de l’artifice qui consiste à combiner hémistiche prédicat et hémistiche sujet, et en particulier des vers formulaires tels que
η 1 ὣς ὁ μὲν ἔνθ᾽ ἠρᾶτο πολύτλας δῖος Ὀδυσσεύς
l’aède se laisse guider par son sens des ressemblances pour employer la formule désignant Télémaque, il en résulte un vers contenant une faute métrique:
τ 59 | ⎧ | περίφρων Πηνελόπεια. | |
ἔνθα καθέζετ᾽ ἔπειτα | ⎨ | ||
τ 102 | ⎩ | πολύτλας δῖος Ὀδυσσεύς |
il a fait
δινωτὴν ἐλέφαντι καὶ ἀργύρωι· ἥν ποτε τέκτων
ποίησ᾽ Ἰκμάλιος, καὶ ὑπὸ θρῆνυν ποσὶν ἧκε
προσφυέ᾽ ἐξ αὐτῆς, ὅθ᾽ ἐπὶ μέγα βάλλετο κῶας.
ἔνθα καθέζετ᾽ ἔπειτα περίφρων Πηνελόπεια.
ἦλθον δὲ δμῳαὶ λευκώλενοι ἐκ μεγάροιο.
Pénélope commande à Euryclée d’apporter une chaise pour leur hôte:
δίφρον ἐΰξεστον καὶ ἐπ᾽ αὐτῶι κῶας ἔβαλλεν·
ἔνθα καθέζετ᾽ ἔπειτα πολύτλας δῖος Ὀδυσσεύς.
τοῖσι δὲ μύθων ἄρχε περίφρων Πηνελόπεια·
φ 177 πὰρ δὲ τίθει δίφρον τε μέγαν καὶ κῶας ἐπ᾽ αὐτοῦ,
φ 182 πὰρ δὲ φέρων δίφρον θήκεν καὶ κῶας ἐπ᾽ αὐτοῦ,
On peut ainsi juger de l’habitude qu’avait le poète de nommer la toison vers la fin du vers et constater en même temps l’existence d’une série de vers formulaires exprimant l’idée avancer un siège et y jeter une toison dans lesquelles κῶας se range toujours à une même place.
Et à τ 103 on peut comparer
Ε 420 | ⎧ | θεὰ γλαυκῶπις Ἀθήνη | |
Η 445 | τοῖσι δὲ μύθων ἦρχε | ⎨ | Ποσειδάων ἐνοσίχθων |
α 28 | ⎩ | πατὴρ ἀνδρῶν τε θεῶν τε |
χεῦεν ὑπὸ χλωρὰς ῥῶπας καὶ κῶας ὕπερθεν·
ἔνθα καθέζετ᾽ ἔπειτα Ὀδυσσῆος φίλος υἱός.
τοῖσιν δ᾽ αὖ κρειῶν πίνακας παρέθηκε συβώτης
ὀπταλέων,
Dans le vers précédant celui où apparaît l’hiatus d’une brève il est fait mention de toison, comme dans les deux autres passages. Quant au vers suivant, on peut lui comparer les vers a α 141= δ 57
qui font partie de la même série de vers formulaires. τοῖσιν δ᾽ αὖ qui remplace δαιτρός n’est qu’un artifice servant à remplir le premier pied du vers, l’idée devant eux étant déjà suffisamment exprimée par le préfixe de παρέθηκεγ, comme on peut le constater par les deux vers qui viennent d’être cités. [1] Ainsi on voit que, pour intercaler entre l’idée une toison là-dessus et celle (le porcher) mit devant eux des plats de viande la troisième idée Télémaque s’y assit, il faut que le poète exprime cette idée par des mots occupant l’étendue d’un vers. Nous avons vu que, loin d’avoir de la difficulté à trouver ces mots, ceux-ci lui furent aussitôt suggérés par un artifice qui lui aurait fourni un vers métriquement parfait dans le cas de presque tout autre personnage de la légende héroïque. Par conséquent il faut reconnaître que ce ne fut pas {21|22} seulement le désir de rendre sa versification facile qui a induit Homère à faire cet hiatus mais plutôt le désir de ne pas rompre l’enchainement des formules et briser la structure du passage entier. C’est la technique des formules qui a fait défaut en ne fournissant pas pour Télémaque une formule sujet de la mesure en question, commençant par une consonne simple; le poète y est pour assez peu de chose.
AUTRES EXEMPLES D’IRRÉGULARITÉS MÉTRIQUES RÉSULTANT DE LA JUXTAPOSITION DES FORMULES
A. — Brèves en hiatus.
α. Devant la coupe trochaïque.
On peut comparer la partie du vers qui s’étend entre le début de ce vers et la coupe trochaïque à
Β 583 Βρυσειάς τ᾽ ἐνέμοντο καὶ Αὐγειὰς ἐρατεινάς
Β 591 οἳ δὲ Πύλον τ᾽ ἐνέμοντο καὶ Ἀρήνην ἐρατεινὴν
Cf. de même Β 499, 605, 633, 639, où l’on trouve également ἐνέμοντο devant la coupe trochaïque, précédé lui-même d’un nom de ville, et dans la dernière partie du vers (1) soit le nom d’une autre ville, régi par le même verbe et accompagné d’une épithète remplissant la partie du vers que le nom n’occupe pas, (2) soit deux noms de villes. Les aèdes, ayant à énumérer les villes qui envoyèrent des troupes à la guerre, avaient créé, entre autres, un artifice qui consiste à dire dans la première moitié du vers qui habitaient telle ville, et dans la dernière moitié et telle ville (et telles villes)—artifice qu’ils pouvaient développer en ajoutant aux vers suivants d’autres noms de villes, accompagnés d’autres épithètes lorsque {23|24} cela était nécessaire: cf. B 496–8, 591–4, 605–6, 639–40. Mais pour composer des vers de ce modèle sans faute métrique il faut que l’hémistiche de fin de vers, exprimant à l’accusatif l’idée et telle ville, commence par une consonne simple, comme dans le cas de B 496, 583, 591 (déjà cités) et de B 605 καὶ ‘Ορχομενὸν πολύμηλον et de B 633 καὶ Αἰγίλιπα τρηχεῖαν. Mais Άραιθυρέην ne se prête pas à cet artifice; en raison de sa mesure il doit, dans la dernière moitié du vers, se placer après la coupe trochaïque, ce qui a cet avantage, que le vers peut se terminer au moyen de l’épithète générique des villes ἐρατεινὴν. Cf.
‘Αρήνην | ⎫ | |
Μαντινέην | ⎥ | |
⎬ | ἐρατεινήν | |
Ἠμαθίην | ⎥ | |
Μηιονίην | ⎭ |
Quant à la conjonction et, puisque καὶ n’est pas possible, elle peut s’exprimer par τε (τ’) tout comme, d’ailleurs, dans un assez grand nombre d’autres formules qui expriment dans la dernière moitié du vers l’idée et telle ville: Πυθῶνά τε πετρήεσσαν (B 519), Τἰρυνθά τε τειχιόεσσαν (Β 559), Ἕλος τ᾽, ἔφαλον πτολίεθρον (Β 584), etc. Donc, pour exprimer entre la coupe trochaïque et la fin du vers l’idée et Araithyrée (à l’accusatif), le poète avait sous la main tous les mots nécessaires; mais s’il voulait éviter l’hiatus d’une brève il lui fallait renoncer au type de vers formule où ἐνέμοντο tombe devant la coupe trochaïque. Il préférait laisser l’hiatus.
⁂
D’une part, on trouve τρυφάλεια 3 fois dans la première moitié du vers, devant la coupe trochaïque. D’autre part on trouve ἅμ᾽ ἕσπετο 6 fois à la place qu’il occupe dans le vers cité, et χειρὶ παχείῃι 17 fois à la fin du vers. Les deux dernières formules se joignent sans faute métrique pour exprimer l’idée est venu sous sa main. Mais τρυφάλεια se terminant par une voyelle, le poète se trouvait ici, tout comme dans les autres cas que nous avons étudiés, dans l’obligation de faire le même choix entre le vers facilement composé au moyen de formules traditionnelles, mais con- {24|25} -tenant une faute métrique, et la nécessité de faire le vers d’une manière inusitée et même de refaire tout un groupe de vers.
A ce vers on peut comparer
I 44 ἑστᾶσ᾽, αἵ τοι ἕποντο Μυκήνηθεν μάλα πολλαί.
Cf. aussi Τρώων· οἱ δ’ ἅμ᾽ ἕποντο (P 753). La dernière partie du vers rappelle les hémistiches de la série ἀπ᾽ ᾽Ωκεανοῖο ῥοάων (Τ 1) παρ᾽ ᾽Ωκεανοῖο ῥοάων (χ 197), ἰδὲ Ξάνθοιο ῥοάων (Ζ 4).
Ce vers figure dans le passage où sont énumérés les noms des Néréides. Le poète a résolu les difficultés de cette énumération de la même manière que celle des noms de villes dans le Catalogue: lorsque les noms et les conjonctions ne remplissent pas les membres du vers il comble les lacunes au moyen d’épithètes ornementales comme dans
Mais pour les héroïnes et pour les déesses il n’existait pas d’épithète ornementale ayant la mesure ⏑ – ⏔ – et commençant par une consonne simple—du moins on n’en trouve pas dans Homère (cf. L’épithète traditionnelle, p. 119). Par conséquent, pour remplir l’espace entre la coupe trochaïque et τ᾽ Ἀμάθεια à la fin du vers, le poète a dû employer ἐυπλόκαμος, guidé par le souvenir de formules telles que ἐυπλόκαμός ῾Εκαμήδη (2 fois), ἐυπλόκαμος Δημήτηρ (ε 125). L’emploi de cette même épithète a également occasionné l’hiatus d’une brève en Ξ 6:
La forme κεῖντο n’apparait pas ailleurs dans Homère, mais κεῖτο {25|26} tombe 5 fois devant la coupe trochaïque. Le vers χ 186 notamment doit être comparé à celui dont il est question, car on y trouve, au commencement, la même accumulation de particules:
Dans Homère six autres vers se terminent par ἐπὶ χθονὶ πουλυβοτείρῃι.
Comparons à ce vers
ἅμ᾽ ἠοῖ φαινομένηφιν apparaît 8 fois dans Homère, toujours à la fin du vers; cf. ἅμα δ᾽ ἠοῖ φαινομένηφιν (3 fois).
Comparons à ce vers d’une part
et d’autre part
Σ 389 τὴν μὲν ἔπειτα καθεῖσεν ἐπὶ θρόνου ἀργυροήλου
A la première partie du vers on peut comparer αἶψα δέ δεῖπνον ἕλοντο (2 fois), οἱ δ᾽ ἄρα δεῖπνον ἕλοντο, etc. Quant à la dernière partie, on trouve ἐμοὶ ἐρίηρες ἑταῖροι dans 5 autres vers. La facture des vers μ 397 = ξ 249 ressemble à celle du vers qui vient d’être étudié:
Les causes déterminant l’hiatus dans ce vers sont semblables {26|27} à celles que nous avons notées plus haut pour les vers Σ 48, Ξ 6 (p. 25). On trouve d’une part
cf. ω 468; et d’autre part
On trouve la forme Ὀδυσῆα 16 fois à cette position. La première partie du vers ressemble à celle de
ω 149 καὶ τότε δή ῥ᾽ Ὀδυσῆα κακός ποθεν ἤγαγε δαίμων
On trouve la dernière partie de ce vers en
Ν 38 νοστήσαντα ἄνακτα· ὁ δ᾽ ἐς στρατὸν ὤιχετ᾽ Ἀχαιῶν
φ 393 εἰσορόων Ὀδυσῆα. ὁ δ᾽ ἤδη τόξον ἐνώμα
Cette expression est très fréquemment employée dans Homère pour lier des phrases ou des membres de phrase. Sans parler des cas où ὁ δέ (ὁ δ’) tombe à une autre place, on le trouve après la coupe trochaïque en A 47, 191, 474, Δ 108, 498, 522, etc., et en α 20, 322, β 365, δ 226, etc. On s’explique facilement com- {27|28} -ment le poète a été amené à s’en servir même après une voyelle brève.
λ 249 τέξεις ἀγλαὰ τέκνα, ἐπεὶ οὐκ ἀποφώλιοι εὐναὶ
résulte clairement de l’habitude qu’avait le poète de joindre deux membres de phrase par ἐπεί; on trouve qu’Homère se sert de cette conjonction après la coupe trochaïque en Α 112, 274, 281, 299, 381, 576, B 16, 115, Γ 99, Δ 269, E 27, 510, etc., et en α 37, 205, 220, 238, 396, β 96, 155, 297, γ 70, 250, 322, 358, 368, δ 490, 647, etc.
β. Devant la diérèse bucolique.
Comparons à ce vers
υ 10 πολλά δὲ μερμήριζε κατὰ φρένα καὶ κατὰ θυμόν
et
Comparons à ce vers
Dans Homère ὠκέα Ἶρις apparaît 19 fois, toujours à la fin du vers; pour cette déesse il manque une formule tombant entre la diérèse bucolique et la fin du vers et commençant par une consonne simple.
On trouve d’une part
(cf. E 443, 600, Π 710); et d’autre part
La forme Ὀλύμπιε apparait quatre fois, toujours devant la diérèse bucolique, où elle sert à combler la lacune qui existe entre la coupe trochaïque et cette diérèse, comme dans le cas présent où elle s’insère entre la formule occupant la première partie du vers—cf. O 554:
et celle de la fin du vers—cf.
ω 443 κέκλυτε δὴ νῦν μευ, Ἰθακήσιοι· οὐ γὰρ Ὀδυσσεὺς [2]
Comparons à ce vers:
et
φ 433 ἀμφὶ δὲ χεῖρα φίλην βάλεν ἔγχει, ἄγχι δ᾽ ἄρ᾽ αὐτοῦ
Ce vers rappelle
et
etc., etc. {29|30}
Comparons à ce vers
ἐγγὺς ἐόντα apparaît 11 fois dans Homère, toujours à la fin du vers.
γ. Α la fin du premier pied.
Nous avons étudié plus haut les causes de l’hiatus de la voyelle finale de οὖλε: le poète a été guidé par le souvenir qu’il avait des vers composés au moyen de βάσκ ἴθι, ῏Ιρι ταχεῖα (4 fois). Il en est de même pour l’hiatus de la voyelle finale de ἴθι. Dans le premier cas il y a modification des désinences, dans le vers que nous étudions deux formules qui ne se lient pas bien se trouvent juxtaposées.
δ. Brèves en hiatus ne tombant pas devant une coupe du vers.
Ζευς δὲ apparaît dans Homère 8 fois au commencement du vers; on y trouve aussi Ζεύς τε (2 fois). πρὸς δῶμα tombe 16 fois devant la {30|31} coupe trochaïque. On ne trouve pas ailleurs l’expression ἑὸν πρὸς δῶμα, mais on lit en ζ 256 πατρὸς ἐμοῦ πρὸς δῶμα, en υ 192 ήμέτερον πρὸς δῶμα; la modification de ἐμοῦ en ἑὸν devait être facile, surtout lorsqu’il fallait un mot de cette mesure pour remplir la lacune entre deux formules à places fixes.
ξ 100 δώδεκ᾽ ἐν ἠπείρωι ἀγέλαι· τόσα πώεα οἰῶν
πώεα οἰῶν a été inspiré par πώεα καλά qui apparaît 4 fois à la fin du vers. Et l’Iliade et l’Odyssée nous fournissent le type de vers qui a obligé le poète, s’il voulait s’en servir et spécifier en même temps que les peaux étaient celles des moutons, à changer καλά en οίών:
μ 129 ἑπτὰ βοῶν ἀγέλαι, τόσα δ᾽ οἰῶν πώεα καλά,
En dehors de la formule en question οἰῶν tombe 3 fois à la fin du vers dans la formule πώυ μέγ’ οἰῶν, et une fois dans l’expression κώεσιν οἰῶν.
Le début du vers s’inspire de formules comme celle du commencement de Π 223:
D’ailleurs le poète ne pouvait disposer autrement dans le vers les mots qui en Φ 263 tombent devant la coupe trochaïque, s’il voulait se servir de la formule qui la suit: cf.
On trouve deux fois Τηλεμάχου ἔταροι au commencement du vers. τε κασιγνήτω (-οι, -ους) τε se trouve à la même place dans les vers:
Ζ 239 εἰρόμεναι παῖδάς τε κασιγνήτους τε ἔτας τε {31|32}
La forme ἔσεσθον tombe aussi à la fin du vers la seule autre fois qu’elle est employée dans Homère (π 267); et a deux exceptions près ἔσεσθαι (11 fois) ἔσεσθε (2 fois), tombent toujours à cette même place. De plus le poète avait le sentiment d’une formule où κασίγνητοί τε était suivi d’un verbe dont elle fournissait le sujet, comme dans le vers o 16 qui vient d’être cité.
B. SYLALABES FINALES BRÈVES AU TEMPS FORT.
α. Devant la penthémimère.
Comparons à ce vers d’une part
Β 735 οἵ τ᾽ ἔχον Ἀστέριον Τιτάνοιό τε λευκὰ κάρηνα
et d’autre part
Cf.
Β 607 καὶ Τεγέην εἶχον καὶ Μαντινέην ἐρατεινήν
et
Ce vers a été fait d’après le modèle de vers tels que
Ce vers a été fait d’après des vers comme
Il suffit de comparer ce vers avec un seul autre:
On trouve d’une part
Φ 492 ἐντροπαλιζομένην· ταχέες δ᾽ ἔκπιπτον ὀιστοί
et d’autre part
On trouve ἔγχει au début du vers dans les expressions ἔγχει χαλκείωι (7 fois), ἔγχει μάρνασθαι (Π 195), etc., et ἀργαλέον devant la penthémimère dans les expressions δεινόν τ’ ἀργαλέον (4 fois), πρῆξαι δ᾽ ἀργαλέον (π 88), etc. Pour la dernière moitié du vers cf.
Υ 135 ἡμέας τοὺς ἄλλους, ἐπεὶ ἦ πολὺ φέρτεροί εἰμεν
ι 276 οὐδὲ θεῶν μακάρων, ἐπεὶ ἦ πολὺ φέρτεροί εἰμεν
Des causes semblables ont occasionné la syllabe brève au temps fort en π 89:
Comparons à ce vers
et
et en κ 137
Mais elle nécessitait une syllabe brève avant la penthémimère lorsque le poète s’en servait pour remplir le vers entre κούρην Μίνωoς et ἥν ποτε Θησεὺς (cf. ὥ ποτ Ἀχιλλεύς, ἥν ἄρ᾽ ’Αχιλλεύς, εἴ ποτ᾽ ᾽Οδνσσεύς, etc.).
Comparons à ce vers
κ 182 χεῖρας νιψάμενοι τεύχοντ᾽ ἐρικυδέα δαῖτα.
et
⁂
β. Devant l’hepthémimère.
ἔνθεν δὲ προτέρω πλέομεν ἀκαχήμενοι ἦτορ
La forme πλέομεν apparaît 10 fois dans Homère, toujours devant l’hepthémimère. La formule ἀκαχήμενος ἦτορ tombe 4 fois à la fin du vers. Comparons surtout au vers en question
On peut comparer à ce vers d’une part
ρ 177 ὣς ἔφαθ᾽, οἱ δ᾽ ἀνστάντες ἔβαν πείθοντό τε μύθωι {35|36}
etc., et d’autre part
ζ 236 ἕζετ᾽ ἔπειτ᾽ ἀπάνευθε κιὼν ἐπὶ θῖνα θαλάσσης
etc.
On peut comparer à ce vers
ἠνίπαπε μύθωι apparaît 6 fois, toujours à la fin du vers.
Le fait que ce vers précède χ 284 est significatif. Le poète a été amené à commettre la faute métrique, parce qu’il avait conservé dans sa mémoire la forme de ce type de vers, et non pas parce qu’il se souvenait de s’en être servi dans la poésie qu’il venait de composer.
γ. Devant la trithémimère.
On trouve d’une part
et d’autre part
Sur les 8 fois qu’il apparaît dans Homère ὡς εἴ τε tombe 7 fois à la place où on le voit dans ce vers.
Ce vers a été fait sur le modèle de vers comme
Comparons à la première partie du vers
σ 75 ὣς ἄρ᾽ ἔφαν, Ἴρωι δὲ …
ὣς ἄρ᾽ ἔφαν tombe 9 fois au commencement du vers.
Comparons à ce vers d’une part
Ω 78 μεσσηγὺς δὲ Σάμου τε καὶ Ἴμβρου παιπαλοέσσης
etc., et d’autre part
⁂
réapparaît sans changement en Λ 381, Π 821; mais ζωννύσκετο ne se trouve pas ailleurs dans Homère. La dernière moitié de I 426
apparaît aussi en T 62; mais on ne trouve rien qui se rapproche davantage de la première partie que Ἕκτορα δὲ φράσσαντο en O 671. Si on voulait poursuivre la recherche dans ce sens on pourrait arriver à la certitude que la plupart des cas qu’on relèverait résulteraient du jeu des formules. Mais il serait toujours possible également que l’élément formulaire ne soit pas entré dans un cas donné.
⁂
A 153 δεῦρο μαχησόμενος, ἐπεὶ οὔ τί μοι αἴτιοί εἰσιν·
τὸν μὲν ἐγὼ βούλευσα κατὰ μεγαλήτορα θυμὸν
ἆσσον ἰών, ξίφος ὀξὺ ἐρυσσάμενος παρὰ μηροῦ,
οὐτάμεναι πρὸς στῆθος, ὅθι φρένες ἧπαρ ἔχουσι,
ι 302χείρ᾽ ἐπιμασσάμενος·
Quinze fois, sur les 24 fois qu’un participe en -όμενος, -άμενος, est employé devant la penthémimère et qu’il est suivi d’un mot à voyelle initiale, il s’agit de cet artifice. L’autre artifice lui ressemble assez. (2) Le poète met au commencement du vers une forme personnelle du verbe, et le participe tombant devant la penthémimère s’accorde avec son sujet (exprimé dans la forme du verbe) ou avec son complément qui a été indiqué dans le vers précédent. Tel
αὔριον ἣν ἀρετὴν διαείσεται, εἴ κ᾽ ἐμὸν ἔγχος
Θ 536μείνῃι ἐπερχόμενον· ἀλλ᾽ ἐν πρώτοισιν, ὀίω,
La commodité de ces deux artifices pour la facture des vers est apparente. Avec le premier le poète peut continuer une phrase ou un membre de phrase déjà fait pour le terminer avant la penthémimère: sans parler des nombreuses autres formules qu’il sait pouvoir servir après cette coupe, il connaît force expressions qui servent à la liaison de la phrase ou du membre de phrase suivant: ὁ δέ, ὁ γάρ, ὁ μέν, ἐπεί, ἀτάρ, ἠδέ, ἀλλά, ὑπὸ δέ, ἐπὶ δέ, ἀπὸ δέ, etc.; au moyen du second artifice il peut faire entrer la forme personnelle du verbe et le participe dans la première partie du vers, arrêtant son membre de phrase à la penthémimère ou le continuant en y ajoutant le régime du verbe. Et d’ailleurs dans le moule complexe de l’hexamètre il n’y a pas tant de places où l’on puisse mettre les participes en -όμενος, -άμενος, surtout {39|40} lorsqu’il y a d’autres mots à disposer dans le vers. Par conséquent l’emploi des deux artifices en question est très fréquent. Homère s’est servi du premier sans faute métrique en A 31, 43, 134, 159, 198, 457, B 15, 32, 69, 689, etc., en α 94, 281, 317, β 3, 136, 215, 261, 264, 268, 300, 351, 360, 400, 401, etc.; et du second en B 151, etc., en β 80, 97, etc. Or il est évident qu’en dehors du souvenir de formules particulières le sentiment même de l’artifice qui fournissait si souvent des vers métriquement corrects a dû entrer dans la facture des vers où la syllabe finale des participes en -όμενος, etc., est brève devant la penthémimère. L’expression θυμοῦ δευόμενον· ό δὲ … en Υ 472 a été inspirée par des formules particulières comme θυμοῦ δευομένους· ἀπὸ γὰρ … en Γ 294; mais elle a aussi été inspirée par le sentiment général de l’artifice que l’on remarque dans les deux cas. Nous pouvons par conséquent être certains que χείρ᾽ ἐπιμασσάμενος· ἕτερος δέ … en ι 302 a été déterminé autant par l’existence de cet artifice que par le souvenir d’un vers comme τ 480 où cet artifice n’entre pas: χεῖρ᾽ ἐπιμασσάμενος φάρυγος λάβε; que ὤιχετ᾽ ἀποπτάμενος, ἐμὲ δὲ … (Β 71), est le résultat de l’artifice bien que ἀποπτάμενος n’apparaisse pas ailleurs dans Homère devant la penthémimère.
⁂
Footnotes